lundi 27 juin 2016

Chronique du marais de Goulaine : affût waders

  Comme les samedis matin j’ai une heure et demie à passer près du marais de Goulaine, j’en profite pour faire des balades ou de l’observation statique. Aujourd’hui, ce sera affût en waders car les pluies du dimanche 29 mai (90 mm chez moi et sans doute plus sur le bassin versant du marais) ont fait monter de 1 mètre le niveau en 24H.   C’est une vision hivernale du marais qui s’offre à mes yeux hormis une végétation plus luxuriante. Je m’enfonce rapidement jusqu’à la ceinture dans l’eau et me dissimule en partie dans un buisson de saules. Je vais attendre le passage du héron pourpré car depuis le même endroit plusieurs observations ont été réalisées ces dernières semaines.
  J’ai enfilé ma cagoule et mes gants camouflés et rabattu la capuche de ma parka qui est roulée en boudin autour de mon torse car je n’avais pas prévu que l’eau me monterait aussi haut.
Les garde-bœufs, les bihoreaux, les cendrés me passent sur la tête sans me remarquer.
 Des cris rappelant une sterne attirent mon attention, ce sont trois Guifettes moustacs qui me survolent. Chaque année, quelques individus sont aperçus sur le marais mais c’est un peu tard pour de la migration.
  Je jette un coup de jumelles à tous les grands hérons qui passent. Quand la lumière est mauvaise et que le manteau des couvertures n’est pas contrasté, je regarde la courbure du cou qui fait une bosse beaucoup plus marquée chez le pourpré que chez le cendré. Ce matin, l’activité des grands hérons est faible. Avec la crue, ils ont peut-être du mal à trouver des proies, l’eau est profonde et les écrevisses sans doute plus difficiles à atteindre.  

  Un rat musqué qui mange des pousses de roseaux me distrait en attendant.

  Une famille de Grèbes huppés se rapproche lentement. Ce sont quatre grands jeunes et un adulte. C’est étonnant  car à cet âge les adultes ne se chargent plus d’autant de jeunes. Les juvéniles ont déjà perdu leur duvet et les plus vieux ont déjà les petites aigrettes qui caractérisent l’espèce. 
 Ils sont maintenant à six mètres de moi mais ne m’identifient pas vraiment, ils sont un peu inquiets mais je peux quand même les détailler pendant plusieurs minutes.

  La pression de l’eau commence à m’ankyloser les pieds, je m’accroche à une branche et laisse remonter ma jambe vers la surface, je remue les orteils, maintenant à l’autre jambe, merci Archimède.
Je regarde ma montre, 12h03, je suis là depuis une heure mais la flottabilité du néoprène  atténue la pénibilité de rester sur place. Un petit rapace trapu file au dessus des saules, c’est un mâle d’épervier avec une proie  dans les serres. Il doit rejoindre sa compagne pour lui donner le produit de sa chasse qu’elle distribuera aux poussins.
  Deux spatules tournent aux dessus des saules puis descendent sur des nids que je ne peux voir de ma position.
  Je commence à ressentir la fraîcheur de l’eau malgré l’épaisseur des waders. Bon 12h30, c’est l’heure de partir. Pas de Héron pourpré pour cette fois, il a pu passer quand je tournais la tête du mauvais côté, pas question de s’avouer vaincu, je referai quelques séances immergées.
Jean Luctuat Necmergitur


Les photos qui illustrent cet article n'ont pas été prises pendant cet affût.