lundi 27 juin 2016

SORTIE PIE-GRIECHE ECORCHEUR, 11 JUIN

  La Pie-grièche écorcheur est un passereau migrateur qui nous revient d’Afrique dans les deux premières décades de mai. Cette espèce fait figure de petit rapace avec la mandibule supérieure recourbée de son bec. Son nom d’écorcheur provient de l'habitude de certains individus qui empalent une partie de leurs proies sur des épines de prunelliers ou des barbelés qui deviennent des garde-mangers. Notre pie-grièche a besoin de prairies pâturées ou de fauches, de bandes herbeuses et de postes de guet comme des piquets pour chasser et des haies, des buissons de ronces pour y nicher.
L’agriculture intensive, avec ses pesticides et ses nouvelles pratiques, a porté un coup fatal aux effectifs à partir des années 50. Les populations ont régressé en Europe occidentale mais c’est en Angleterre que la régression a été spectaculaire. Un effondrement de 50% entre  les années 50 et 60, 253 couples en 1960, 81 en 1971, 1 en 1987. En France la baisse des populations n’a pas été aussi catastrophique mais ce passereau a disparu des zones de cultures trop intensives. En Loire-Atlantique les populations sont surtout nord-Loire.  Ce sont les prairies ligériennes en aval de Nantes qui concentrent la population du 44. Le vignoble n’attire pas la Pie-grièche écorcheur. Sur le secteur prospecté par notre groupe, un seul point est connu pour accueillir chaque année un ou deux couples et il se trouve dans le Maine et Loire et en bordure du fleuve (nous rappelons que notre groupe est à cheval sur les deux départements).

 
Toutes les observations de Pie-grièche écorcheur dans la base de données jusqu'à 2016
En 2015, pendant la prospection d’un carré rapace entre Ligné et Mouzeil (Loire-Atlantique), nous avons découvert 6 couples sur 3 secteurs. Pour notre programme des sorties grand public 2016, nous avons décidé d’organiser une sortie sur ces secteurs et de tenter de retrouver ces Pies-grièches écorcheurs sachant que 90% des mâles reviennent nicher dans un rayon inférieur à 1km autour du nid de l’année précédente. Un autre but était de faire découvrir cette espèce dans un milieu assez banal avec le cortège d’oiseaux qui fréquente les mêmes biotopes.
Nous sommes onze au rendez-vous de Ligné pour une prospection Pie-grièche écorcheur sur les secteurs de 2015. La météo n’est pas de la partie et les participants se regroupent sous le hayon du monospace pour écouter  quelques données sur cette pie-grièche.  Nous nous divisons en deux groupes car seulement deux animateurs sont présents pour encadrer cette sortie. Le premier groupe part pour le haut du carré sur un secteur très propice et le deuxième commence par le bas sur des secteurs en apparence moins riches, nous nous croiserons au milieu de la sortie.
Après deux points de prospection, notre deuxième groupe n’a toujours pas aperçu de pie-grièche et les averses se succèdent. Nous nous contentons de Tariers pâtres, de Bruants jaunes et zizi, de Linottes mélodieuses.
La magie du portable nous apprend que le premier groupe a dénombré 3 mâles sur leur premier site de 2015. Nous remontons les remplacer, au passage je constate que d’un des secteurs à bien changer, les prairies sont remplacées par des cultures de fèveroles peu propices à nos oiseaux, vu l’heure je préfère emmener le groupe voir l’objet de cette sortie.

  Sur place, un mâle est vite repéré se déplaçant sur des piquets de clôture. Les prairies ont été fauchées et il descend au sol capturer ses proies constituées d’insectes. Un Hypolaïs polyglotte alerte dans un buisson et apparaît avec le bec garni de proies. Nous éloignons pour découvrir un autre mâle d’écorcheur. Les oiseaux reviennent vers nous pour disparaître dans la haie qui borde le chemin de terre. Les femelles restent sur les nids pendant une quinzaine de jours après l’éclosion. Femelles et jeunes ne sont pas encore visibles, la date de la sortie est sans doute trop précoce d’une semaine.
   Nous descendons le chemin et au loin un troisième mâle est perché sur un buisson et reste à l’écart des deux autres mâles.
Un grand oiseau gris survole une prairie fauchée: Busard cendré mâle adulte! Dépêchons nous de l’admirer, l’observation sera sans doute courte. Quelques minutes après il disparaît derrière une haie mais tout le monde a eu le temps de l’identifier. Un mâle à cette époque est nicheur mais il peut naviguer jusqu’à 10km de son nid, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Nous terminons avec un sublime Bruant jaune mâle et nous remballons avec la pluie.
Le résultat est mitigé puisque nous n’avons retrouvé qu’un secteur avec des Pies-grièches écorcheurs mais les participants sont tout de même contents, le Busard cendré était la cerise sur le gâteau.

Jean-Luc Le Boucher




Chronique du marais de Goulaine : affût waders

  Comme les samedis matin j’ai une heure et demie à passer près du marais de Goulaine, j’en profite pour faire des balades ou de l’observation statique. Aujourd’hui, ce sera affût en waders car les pluies du dimanche 29 mai (90 mm chez moi et sans doute plus sur le bassin versant du marais) ont fait monter de 1 mètre le niveau en 24H.   C’est une vision hivernale du marais qui s’offre à mes yeux hormis une végétation plus luxuriante. Je m’enfonce rapidement jusqu’à la ceinture dans l’eau et me dissimule en partie dans un buisson de saules. Je vais attendre le passage du héron pourpré car depuis le même endroit plusieurs observations ont été réalisées ces dernières semaines.
  J’ai enfilé ma cagoule et mes gants camouflés et rabattu la capuche de ma parka qui est roulée en boudin autour de mon torse car je n’avais pas prévu que l’eau me monterait aussi haut.
Les garde-bœufs, les bihoreaux, les cendrés me passent sur la tête sans me remarquer.
 Des cris rappelant une sterne attirent mon attention, ce sont trois Guifettes moustacs qui me survolent. Chaque année, quelques individus sont aperçus sur le marais mais c’est un peu tard pour de la migration.
  Je jette un coup de jumelles à tous les grands hérons qui passent. Quand la lumière est mauvaise et que le manteau des couvertures n’est pas contrasté, je regarde la courbure du cou qui fait une bosse beaucoup plus marquée chez le pourpré que chez le cendré. Ce matin, l’activité des grands hérons est faible. Avec la crue, ils ont peut-être du mal à trouver des proies, l’eau est profonde et les écrevisses sans doute plus difficiles à atteindre.  

  Un rat musqué qui mange des pousses de roseaux me distrait en attendant.

  Une famille de Grèbes huppés se rapproche lentement. Ce sont quatre grands jeunes et un adulte. C’est étonnant  car à cet âge les adultes ne se chargent plus d’autant de jeunes. Les juvéniles ont déjà perdu leur duvet et les plus vieux ont déjà les petites aigrettes qui caractérisent l’espèce. 
 Ils sont maintenant à six mètres de moi mais ne m’identifient pas vraiment, ils sont un peu inquiets mais je peux quand même les détailler pendant plusieurs minutes.

  La pression de l’eau commence à m’ankyloser les pieds, je m’accroche à une branche et laisse remonter ma jambe vers la surface, je remue les orteils, maintenant à l’autre jambe, merci Archimède.
Je regarde ma montre, 12h03, je suis là depuis une heure mais la flottabilité du néoprène  atténue la pénibilité de rester sur place. Un petit rapace trapu file au dessus des saules, c’est un mâle d’épervier avec une proie  dans les serres. Il doit rejoindre sa compagne pour lui donner le produit de sa chasse qu’elle distribuera aux poussins.
  Deux spatules tournent aux dessus des saules puis descendent sur des nids que je ne peux voir de ma position.
  Je commence à ressentir la fraîcheur de l’eau malgré l’épaisseur des waders. Bon 12h30, c’est l’heure de partir. Pas de Héron pourpré pour cette fois, il a pu passer quand je tournais la tête du mauvais côté, pas question de s’avouer vaincu, je referai quelques séances immergées.
Jean Luctuat Necmergitur


Les photos qui illustrent cet article n'ont pas été prises pendant cet affût.

samedi 25 juin 2016

ANNULATION SORTIE CASTOR DU VENDREDI 1er JUILLET

Suite à la crue de la Loire et à des niveaux trop importants, nous sommes obligés d'annuler la sortie CASTOR du 1er juillet à Drain. Nous en sommes désolés et vous donnons rendez-vous l'année prochaine pour découvrir notre tailleur de crayon.
Peuplier coupé à la Chapelle-Basse-Mer

jeudi 23 juin 2016

Chroniques du marais de Goulaine : journée photos

  Aujourd'hui, journée photos à l’affût pour André et moi. Nous avons passé de longues séances hivernales à préparer notre mirador, et le manque de temps ou la météo capricieuse ne nous ont pas permis d’assouvir notre passion pour la photographie animalière.
Nous nous engageons sur le chemin qui mène au port et une huppe se pose devant nous, puis elle disparaît dans les vignes en cherchant sa pitance. Elle vient de décoller d’un endroit où elle nichait l’année dernière. Hasard ou nouvelle nidification? La journée commence bien mais nous décidons de continuer sur notre idée première et remettons à plus tard une surveillance du secteur pour confirmer une nidification de l’oiseau favori de ma femme.
  Premier travail une fois au port : vider la barque de l’eau des récentes pluies. Pour une fois nous n’avons pas trop de  matériel à transporter, ce qui nous change des séances de bricolage sur les affûts.
  Arrivés sur le grand canal (ce n’est quand même pas Venise), je ralentis le moteur électrique et laisse filer la barque, nous approchons d’un nid de Milans noirs qui ont eu la mauvaise idée de le construire sur un saule bien en vue. La femelle est posée sur les poussins et le mâle est perché à proximité, assez confiant malgré venue. André mitraille en silence, moi je ne sors pas le mien trop gros, trop lourd, trop bruyant. Nous sommes trop proches et le mâle s’envole. Nous sommes obligés de passer à côté du nid mais celui-ci est invisible sauf pour un œil exercé, heureusement, le femelle reste sur sa couvée.
  Avant d’aller à l’affût, nous continuons jusqu’à la colonie de Grands Cormorans. Celle-ci est établie sur deux peupliers, nous comptons 21 nids dont certains sont déjà vides. Des poussins sont encore présents et des juvéniles volants sont perchés sur les branches aux alentours. Ces oiseaux sont nicheurs depuis 4 ans au marais de Goulaine. La colonie s’est développée en nombre de couples mais les peupliers qui l’abritent dépérissent et il n’est pas sûr que ces arbres puissent encore les accueillir l’année prochaine. Les fientes des oiseaux très agressives finissent par étouffer les branches et les colonies changent régulièrement de supports. Les peupliers qui les supportent, dans tous les sens du terme, étaient déjà sénescents, d’autres sont déjà morts et certains couchés par des tempêtes avant que les cormorans soient nicheurs. Tous ces grands peupliers ont disparu du marais et les oiseaux devront se rabattre sur les arbres plus petits sans doute moins accueillants, affaire à suivre.
  Arrivés à notre destination, il n’est plus possible de glisser la barque dans les roseaux pour débarquer le matériel, l’eau est maintenant redescendue dans les douves et nos waders sont inutiles, l’affût est atteignable en bottes. Nous progressons derrière un écran fait de bâches, de toiles de paillage et de bottes de roseaux qui nous dissimulent à la vue des ardéidés. Comme nous avons subi cet hiver un acte de vandalisme, l’ouverture des cadenas de l’affût est acrobatique.
  Installation du matériel photographique, j'ai fabriqué des platines pour y fixer les rotules qui supportent nos appareils photos, ce qui évite de trimbaler les trépieds photo. Installation des filets de camouflage pour masquer nos visages et nos mouvements quand nous retirerons les volets d’obstructions des meurtrières. J’ai fait coudre un manchon  sur une toile camouflée pour y glisser mon objectif afin d'être plus discret, car le diamètre de mon objectif  est important. Quand nous retirons les volets, l’odeur des fientes nous pique les narines, on comprend pourquoi les arbres crèvent !
  Le nid de Héron cendré le plus visible est sans poussin, bien  qu'un adulte soit debout dessus. Nous avons vu cet oiseau couver mais la nidification semble avoir échoué. Dommage pour le couple et pour nous car nous aurions été aux premières loges pour admirer le développement des jeunes.
  Le vacarme de cette colonie est incessant. Garde-bœufs, Aigrettes garzettes et Hérons cendrés sont installés dans cette partie de la héronnière. Hélas pas de Bihoreaux gris ni de Grandes Aigrettes à proximité de téléobjectif. Pourtant, cet affût a été construit pour observer la nidification des premiers couples de Grandes Aigrettes nichant sur le marais. Au début, les oiseaux étaient à plus de 100m, mais très vite la héronnière en expansion a rejoint les saules proches de notre observatoire. Nous avons peur qu’à terme les oiseaux s’installent dans la bouillée de saules qui nous permet de nous dissimuler sur le court trajet entre la douve et notre construction. Si cela arrivait nous serions obligés de construire une voûte pour échapper au regard des oiseaux. 
  Moins de nids sont visibles, des saules qui les supportaient sont morts et la plupart des constructions sont cachées par le feuillage. Mais beaucoup de jeunes garzettes et garde-bœufs sont maintenant assez grands pour quitter les nids et vagabonder à proximité sur le sommet des saules. La différenciation des ces juvéniles est assez difficile. Les becs des garzettes ne sont pas encore aussi longs que ceux de leurs parents et les becs des gardes-bœufs sont noirs comme ceux des garzettes, mais avec une légère pointe jaunâtre. Des nourrissages ont lieu mais, manque de chance, ils se déroulent toujours à l’abri de nos objectifs.


  Le beau soleil du début de matinée fait place a une lumière laiteuse blafarde, les photos des oiseaux qui se découpent sur le ciel ne donnent pas de bon résultat. Nous assistons encore à un accouplement de hérons cendrés, étonnant quand on sait que des jeunes nés cette année sont déjà volants.
  Une garzette continue de chercher des branchettes pour sa plateforme.
  On peut voir que les couleurs de ses lorums et de ses doigts sont différents en période nuptiale. Ils sont respectivement violacés et rougeâtres.

  Un couple lointain de Garde-bœufs s’agite et me permet de mitrailler quelques scènes  intéressantes, mais il faudra recadrer en postproduction.
  Nous voyons passer quelques Spatules blanches, mais aucunes ne s’arrêtent comme l’année dernière à portée de clichés. Un Busard des roseaux mâle crie et descend plusieurs fois dans les saules au même endroit. Nous n’avions pas repéré de couple sur ce secteur de héronnière, est-ce une nouvelle implantation? Pour André,qui avait décidé de faire de la digiscopie, pas assez lumière et trop de bruit numérique. Nous décidons de plier bagages et de finir à l’affût n°1.
  Depuis notre nouveau perchoir, la vue sur la héronnière est plus large mais les oiseaux sont plus loin ou dissimulés, sauf un bihoreau sur une branche morte. 

  Nous nous intéressons aux Spatules qui nichent mais à 390m de nous. Les poussins sont nés depuis 3 semaines environ. Ils sont vaguement visibles au moment des nourrissages, j'en fais une photo pour le souvenir qui, en la recadrant fortement, permettra de nous rendre compte de leur croissance à la prochaine venue, mais je ne compte pas gagner un premier prix avec !
  Nous guettons le survol de la héronnière par un Héron pourpré mais il ne daigne pas se montrer. Nous nous consolons à moitié avec le passage de deux Ibis falcinelles qui ne veulent pas s’arrêter.
  L’heure est arrivée de quitter à regret le marais. Une pluie  fine nous accompagne sur notre retour. La femelle milan est toujours couchée sur sa progéniture. Une huppe, proie dans le bec, passe devant nous dans le hameau, nous finirons cette journée comme nous l’avons commencée.
Jean-Luc Nikonus
Les clichés sont tous pris pendant cette sortie.